D’Ados à Chaos, il n’y a qu’un pas!

Une série vous touche, et tout est bouleversé!

J’ai regardé une nouvelle série Netflix et je n’en suis pas ressortie indemne.
Mais au risque de paraître super cruelle, j’ai quelque chose à te dire avant de te donner le titre.

Moi, tu vois, les ados, j’aime ça. (Bon, dis comme ça, ça sonne un peu bizarre). Disons que c’est vraiment ma tranche d’âge préférée, celle avec laquelle j’aime travailler, et avec laquelle je me sens le plus à l’aise. Je ne dis pas que c’est facile, mais j’aime toujours ce petit défi : celui de convaincre. Briser les réticences, les barrières, les « pff trop nul ! ». Tisser un lien et une complicité. Envoyer du lourd et les pousser dans leurs retranchements, et accepter si je les brusque d’être brusquée à mon tour.
J’aime ce truc de s’apprivoiser l’un.e l’autre.

Or les ados, c’est drôlement mal vu. Tu sais bien : les bébés, c’est mignon. Les ados, c’est ingrat.

Objection, votre honneur !

Sans surprise, je fais partie de celles qui pensent que les ados souffrent de pas mal de préjugés.
J’ai du mal avec des formules qui commencent par «Les jeunes d’aujourd’hui…». Ça me donne toujours envie de monter au créneau et de contredire « les vieux d’aujourd’hui » en leur prouvant par A+B que c’est n’importe quoi et qu’on fait trop peu d’efforts pour ne serait-ce qu’essayer de comprendre un tout petit peu ce qui se passe derrière cette soi-disant tempête d’hormones perpétuelle.

Et je vais te le prouver !

Si tu suis mes conseils (et ta vie en serait bien facilitée) tu as lu Le Cerveau de votre ado, comment il se transforme de 12 à 24 ans, de Daniel Siegel.
Ne t’arrête pas à la traduction du titre : c’est un livre qui s’adresse tout autant aux parents qu’aux pros, et aux ados eux-mêmes. Dans cet ouvrage, Siegel prendre le parti de casser quelques-uns des trop nombreux préjugés autour de l’adolescence, en s’appuyant sur les découvertes neuroscientifiques. En résumé, il explique que l’adolescence est une période de restructuration complète du cerveau, et que cette histoire de bouleversements hormonaux n’est qu’une mineure partie de ce qui se joue à ce moment-là. Il veut permettre au monde de mieux comprendre les ados, et comme il adore les acronymes, il en a créé un de plus : ESSENCE.

Pense-bête : ESSENCE, les 4 grandes évolutions du cerveau.

ES : Engagement Social (l’appartenance est capitale pour les ados, qui ont besoin d’être en lien avec l’autre et de se sentir intégrés à un groupe). 
SE : Sensibilité Exacerbée
N : Nouveauté (l’ado est avide de nouvelles expériences et de sensations fortes)
CE : Créativité Exploratrice (l’ado interroge le monde, et ne se contente plus de réponses de type « parce que c’est comme ça »)

Le Cerveau de votre ado, Daniel SIEGEL.

Dur d’être ado en 2022!

Si tu es comme moi, tu ne peux lire ces lignes sans réaliser à quel point les répercussions des mesures sanitaires engendrées par la pandémie ont un impact sur l’adolescence. 
Depuis 2020, les ados ne sont plus vraiment libres de vivre normalement leurs relations à autrui, quand ce n’est pas carrément interdit. Et boom le ES!
Les perspectives d’exploration et de découverte sont réduites au strict minimum quand elles ne sont pas purement et simplement supprimées. Et paf le N, et badaboum le CE! 
Et puis bon, est-il vraiment nécessaire de passer plus de temps sur les problèmes que peuvent poser cette période anxiogène quand tu ressens une « Sensibilité Exacerbée » ?
Bref, je trouve qu’on fait assez peu d’efforts pour comprendre ce qui se cache sous les comportements pas toujours adorables des ados, alors même que s’ajoute à une période de vie complexe un contexte de vie difficile. 

Fin du suspense

C’est justement de cela qu’il est question dans la série qui m’a tant tourneboulée. Car oui, l’heure de la révélation a enfin sonné, et voilà ta patience récompensée!

Love 101 est une série turque de deux saisons disponible sur Netflix, dont il ne faut pas lire le résumé proposé par la plateforme (et encore moins Wikipédia !) si tu veux avoir envie de la regarder.

En deux mots, c’est l’histoire bouleversante de quatre ados rebelles, contestataires, parfois violents, et toujours en dehors des petites cases, qui, pour éviter l’exclusion définitive de leur lycée, montent un projet un peu fou : empêcher la mutation de la seule prof qui prend leur défense en lui trouvant un époux qui lui donnera une bonne raison de rester.
Problème : l’amour, les sentiments, la douceur, ne font pas exactement partie de leur quotidien. Ils ont besoin d’une consultante en mièvrerie : ce sera Isik, élève modèle.
Voilà, le quintette est formé. Le spectacle peut commencer.

C’est difficile, et pourtant…

Alors bien sûr, loin de moi l’idée d’affirmer que supporter des ados, en rébellion qui plus est, c’est facile. Je peux même affirmer que ça ne l’est pas. Je jugerai encore moins radicalement tou.te.s les enseignant.e.s qui s’efforcent de les virer que j’ai moi-même été enseignante. 

Les ados de Love 101 sont purement et simplement insupportables. Ils mettent le lycée à sac, et ne donnent pas vraiment envie qu’on leur fasse des câlins. Oui mais voilà, c’est justement ce dont ils ont besoin…
Et puis il y a cette prof formidable, mademoiselle Burcu. Elle aime les élèves. Tou.te.s les élèves, et surtout la bande des démons (oui, c’est leur surnom… (points de suspension lourds de sens)).

Alors, si jamais tu suis mon invitation à découvrir la série, voici la liste non exhaustive de ce qui va t’arriver :

– Tu vas réfléchir à ta posture d’accompagnant.e, surtout pro. Tu te demanderas : et moi, je serais de quel côté ?

– Tu vas te (re)questionner sur le poids des étiquettes, des prophéties autoréalisatrices, et des croyances limitantes. Peut-on vraiment demander à un groupe qu’on surnomme les Démons et à qui on répète à longueur de journée que leur destinée pavée d’échecs jusqu’à la case prison est toute tracée de s’adoucir ?

– Tu vas te prendre en pleine tête cette question : « est-ce que je ne me suis pas perdu.e en route ? ». Entre l’ado que j’étais et l’adulte que je suis, ai-je perdu mes idéaux, mes rêves ?

– Tu vas passer par toutes les émotions possibles et imaginables, parce que Love 101 n’est pas une série qu’on regarde avec détachement (en tout cas pas moi). Tu vas sûrement t’attacher à ses personnages principaux profonds et touchants (et tu vas détester le proviseur, caricature de lui-même). Tu vas avoir le cœur serré à l’idée que ça ne se termine pas bien, puisque tu découvres Isik adulte, qui tente de retrouver les autres membres du groupe, qui se sont perdus de vue depuis ces années-là. 

– Tu vas apprécier la bande originale éclectique et les petits moments de mise en scène à la Tarantino. Il y a même dans Love 101 un goût savoureux d’Ocean’s 11 et consorts. Mais si, tu sais : ils montent des plans complètement tordus, où tout doit se dérouler à la seconde près, et toi tu croises les doigts pour que ça fonctionne.

Et tout le long tu vas te demander : et moi, quel.le ado j’étais ? Quel.le adulte suis-je devenu.e ? Et surtout, surtout, quel.le adulte suis-je pour les ados d’aujourd’hui ?


Cette newsletter a été rédigée sous perfusion de musique.
Pour la vivre pleinement, tu peux la relire en battant la mesure de :
I wish I knew you, The Revivalists.

Cet article est la newsletter EduSens du 28/02/2022. Si tu as aimé et que tu veux recevoir les prochaines newsletters, envoie-moi ton adresse mail!

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