Exprimer ses attentes aux enfants et aux ados

1 Fév, 2023

La prise de conscience de janvier

Janvier s’achève aujourd’hui, et je ne peux passer à février sans te partager ma prise de conscience de ce mois-ci. 

Je te pose le contexte : en ce moment, j’accompagne un ado de 4ème, super gentil, super mignon… mais super PAS scolaire ! Autant te dire que les journées de collège sont longues, pour lui autant que pour ses profs ! C’est une mission pour EduSens ou je ne m’y connais pas : allons apaiser les relations de José (ce n’est pas son prénom, mais nous l’appellerons ainsi pour plus de commodités) avec l’Ecole et les apprentissages ✊

J’ai annoncé à ses parents que je commencerais par travailler sa posture d’élève avec lui. C’est ce qui me paraissait le plus urgent, puisqu’augmenter les résultats scolaires c’est bien, mais ne pas être viré avant, c’est encore mieux ! Or notre Jojo collectionne les mots dans le carnet de correspondance, et la patience des équipes pédagogiques a ses limites.

La question qui pue tue

Comme toujours, mes premières séances avec José ont été consacrées à diverses activités et jeux me permettant d’apprendre à le connaître, de comprendre son fonctionnement, mais aussi de créer une bonne relation entre nous. 

Et puis, un beau jour (je te fais grâce du « ou peut-être une nuit » (ah bah non, trop tard !)) je lui ai posé cette question qui va te paraitre complètement bateau, pour ne pas dire inintéressante :

« Dis, José, est-ce que tu sais ce que les profs attendent de toi ? »

José me regarde exactement comme si j’avais tenu un propos d’une inanité sans nom.

Il hésite (elle ne peut pas me poser une question si idiote, si ? Ah si, elle peut !)

Il faut savoir que José est profondément gentil, alors évidemment, il essaie de me répondre sans trop me froisser. Il fait comme si tout était normal :
« Bah ouais ! Ils veulent que je travaille, que je sois calme, que j’arrête de… »

Je le coupe (oui j’ai du culot) :

« Non mais, je veux dire, est-ce que tu sais ce que
les profs attendent de toi, exactement, en tant que José ? 
En fonction de qui tu es vraiment, toi ? »

Ah. La question n’était pas si idiote finalement.

Le dire plutôt que le penser

Vois-tu, je passe ma vie à répéter à qui veut l’entendre (et qui ne veut pas l’entendre également 😏) qu’on ne peut pas reprocher à quelqu’un de ne pas comprendre ce que l’on n’a pas dit. 

Cette règle vaut pour le monde scolaire et professionnel, autant que pour le monde domestique : il semblerait que les messages subliminaux ne fassent pas vider le lave-vaisselle au bout du compte. Ni les « Mais enfin ! Tout le monde sait qu’il faut le faire ! ». Pas tout le monde non, apparemment, puisque ton lave-vaisselle est toujours plein…

Bref, je suis intimement convaincue que bien des incompréhensions et des frictions seraient rapidement apaisées en exprimant clairement ce qu’on attend, ce dont on a besoin, et, encore mieux, comment la personne peut atteindre cet objectif qu’on lui fixe. Il s’agit tout bonnement de… COMMUNIQUER !

Eh bien malgré cette intime conviction, lorsque j’ai réalisé à quel point José ne savait pas ce qu’on attendait de lui, et les répercussions engendrées sur son comportement et son quotidien, ça a été une sacrée claque. Elle a réactivé, encore plus fort, cette impérieuse nécessité d’être au clair avec ses attentes, et de les exprimer.

Pourquoi c’est important

Je me suis rendu compte qu’en classe comme à la maison, José ne savait pas exactement ce qu’on attendait de lui. Ou plutôt, il pensait savoir que ses profs voulaient qu’il se comporte comme Manon, l’élève « parfaite » selon lui. Celle qui est calme, ne bouge pas, lève la main et a la meilleure moyenne presque partout. A la maison, il croit deviner que ses parents souhaitent qu’il suive les traces de son grand frère. Tu devines ? Oui : il est calme, posé, a de bonnes notes, etc. Mais José n’est ni Manon, ni son frère… ni qui que ce soit d’autre d’ailleurs !

Alors en conséquence, José baisse les bras avant même d’essayer la plupart du temps. Pourquoi ? Je vois 3 raisons principales :

  • Les attentes qu’il projette sont trop élevées, ça le décourage d’avance.
  • Quand parfois il se met en tête d’essayer, il ne sait pas ce qu’il faut faire pour atteindre ces objectifs, il n’a pas les stratégies.
  • Il ne se sent pas compris en tant qu’individu unique. Il a l’impression qu’on ne le connait pas vraiment, en ce qu’il est lui, et qu’on ne le RECONNAIT pas. (C’est sans surprise que j’avais d’ores et déjà pu constater le fort besoin de reconnaissance de José).

Mais le pire, dans tout ça, c’est qu’à aucun moment ses parents ou ses profs n’ont eu ces attentes-là. Je le sais parce que, grâce à la magie de la coéducation, je leur en ai parlé, et nous en avons discuté. Pourtant, comme souvent, leurs attentes n’ayant pas été explicitées, elles ont été mal comprises par José.

Et ça commence par l’adulte

Cette prise de conscience, je te la partage, à toi, pro qui accompagne des enfants, des ados, à toi qui es sans doute aussi parent. Je te le demande : 

Es-tu toujours clair.e dans tes attentes vis-à-vis de la personne que tu accompagnes?

Ce n’est pas si simple, car avant de pouvoir trouver le moyen de les expliciter, il faut avant tout prendre le temps d’y réfléchir, de les formuler, ces attentes ! Celles qui ne sont pas généralistes, mais correspondent à la personne en ayant conscience de qui elle est vraiment, de sa personnalité, de ses compétences. Comme souvent donc, ça commence par la réflexion que l’on doit mener en tant qu’accompagnant.e, puis son explicitation à celui/celle qu’on accompagne. 

C’est tout un art : l’art d’être un.e accompagnant.e !  


Et EduSens dans tout ça?

La mission d’EduSens, c’est « apaiser les relations des enfants, des familles et des professionnel.le.s avec l’Ecole et les apprentissages, grâce à la coéducation et à (l’in)formation ».

Cela passe par des interventions collectives, mais aussi par des accompagnements individuels, comme celui que j’ai mis en place pour José. Bien sûr, il n’est « individuel » qu’en ce qu’il est personnalisé et se tient en tête à tête avec l’ado, mais la coéducation n’est jamais bien loin! 

Cela commence toujours par une rencontre et des contacts réguliers avec les parents. Je noue également le contact avec les enseignant.e.s, ou autres professionnel.le.s, et je dois t’avouer que je suis vraiment heureuse de l’accueil que m’ont fait les profs de José!

Même si c’est parfois difficile de le garder en tête, souffrir dans sa scolarité n’est pas une fatalité! Je reste disponible pour en parler!


Comme toujours, c’est en musique que cette newsletter a été rédigée! Cette fois-ci, j’ai été accompagnée par mon chouchou du moment:
Mary on a cross, de Ghost.


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